des crêpes proustiennes

Ma fille aime bien les crêpes au Nutella, et ça fait un petit moment qu’on n’en a pas fait. Comme elle est malade depuis quelques jours, c’était le bon moment ce soir de reprendre cette petite tradition. En mangeant ma première crêpe, j’ai été rempli d’un tas de souvenirs, comme si c’était la madeleine de Proust. Je n’ai pas envie d’écrire sept tomes sur le sujet, mais pourquoi pas un petit blog ?

C’était à un stand de churros (qui vendait aussi des crêpes) à la place Victor Hugo à Grenoble. Quand j’habitais sur Grenoble en tant que missionnaire mormon), on s’est arrêté là-bas quelques fois pour nous offrir une petit dessert à la fin d’une journée. Un jour, on a vu le propriétaire vider une toute petite voiture Smart qu’il avait chargé de Nutella qu’il avait évidemment acheté en vrac. Je n’avais jamais vu tant de Nutella dans ma vie, mais il se comprenait qu’un stand de churros en aurait besoin.

Je me souviens aussi d’un restaurant Quick (qui est maintenant, il paraît, un Burger King) qui y était tout prêt. Une fois, pendant qu’on faisait la queue pour nos churros, une femme nous a abordé pour nous demander de l’argent pour s’acheter de quoi à manger. On lui a proposé d’aller avec elle chez Quick, mais elle a refusé. Je regrette de ne jamais avoir mangé chez Quick pendant mon séjour en France, mais je regrette encore plus qu’on ne lui a pas fait confiance. L’invitation chez Quick, c’était une façon de nous assurer qu’elle avait vraiment besoin de notre argent, mais est-ce que c’était à nous de décider qui méritait vraiment nos euros, dont on en avait assez ?

Cet été, ça fait 14 ans depuis ma dernière visite à Grenoble. Il y a sûrement d’autres petits détails de cette ville magnifique qui m’échappe—sans parler des détails oubliés des autres villes où j’ai habité en Europe francophone. Ma relation avec le mormonisme, c’est plus la même, mais je continue à chérir les souvenirs qui vient de cette période de ma vie.

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